Ils étaient une soixantaine en juin 2017, au lancement de l’opération, ils sont un peu plus de 200 aujourd’hui. Emmanuel Macron voudrait en faire les ambassadeurs d’une nouvelle mondialisation « du savoir et de la bonne volonté ». Un mi-chemin éclairé entre ce que le Président appelle « le club Greta et le club Donald ».
« Je suis très fier de ce qu’on a réussi collectivement depuis deux ans. Maintenant, il faut qu’on passe à la vitesse supérieure », lance le Président à ses invités. Emmanuel Macron a réuni une partie des lauréats du programme « Make our planet great again » (MOGPA) ce jeudi matin à l’Élysée.
Ils sont Américains, Allemands, Brésiliens, Canadiens, Chinois, ou Polonais. Experts en permafrost, les pollutions au mercure, le réchauffement des océans ou l’effondrement des écosystèmes. Ils conduisent des recherches particulièrement pointues à Créteil, Toulouse, Grenoble, Villefranche-sur-Mer ou Brest.
Une soixantaine au lancement de MOGPA, en juin 2017, ils sont plus de 200 aujourd’hui. Et Emmanuel Macron se réjouit des projets « extrêmement concrets » qu’ils conduisent. Leurs recherches sur les pôles, les océans, les forêts primaires, l’alimentation et la biodiversité contribuent directement à la « mobilisation de la communauté internationale », se félicite le chef de l’État. Qui compte également sur eux pour l’aider à faire « change [r] les attitudes des citoyens » et rendre « le changement acceptable ».
Club Greta et club Donald VS club Manu ?
« C’est la chose sur laquelle je nous considère le plus en retard, parce qu’on a très peu de leviers. On explique […] mais on n’arrive pas totalement à embarquer les gens », regrette Emmanuel Macron. « Il y a le club de Greta [Thunberg] et le club de Donald [Trump] , précise-t-il, déclenchant les rires de l’auditoire. Il y a plein de gens qui ont envie de changer. C’est dur parce que ça ne va jamais assez vite pour Greta et c’est toujours trop pour Donald. Il y a des gens qui disent, avec Greta, “vous ne faites rien, vous êtes nuls”, ce qui est désespérant, culpabilisant et qui est à mon avis ne fait pas bouger les gens. Et il y a le club de Donald qui dit “ça ne sert à rien ce que vous faites, je n’y crois pas”. »
Pour « réussir à faire bouger nos sociétés », le Président propose aux chercheurs « qu’on fasse notre club à nous ». Un club qui fait « de choses assez positives, sans être naïves », incitant les citoyens à changer leurs comportements, qu’ils « comprennent que c’est possible […] avec des gestes très quotidiens », soutiennent « un changement de trajectoire » dans les politiques publiques et acceptent « d’acheter, de consommer, d’investir différemment ».
Contre la « mondialisation des discours de haine en 140 signes »
L’ambition du Président ? L’avènement d’une nouvelle mondialisation, qui s’appuierait sur les conseils éclairés et argumentés des scientifiques. « Je pense qu’on est à un moment où le monde se refracture, explique-t-il. La mondialisation qu’on a connue est une mondialisation du commerce, des biens, financière et numérique. Il y a un contre-modèle : une mondialisation du savoir et de la bonne volonté. J’y crois très profondément. »
Emmanuel Macron y croit d’autant plus qu’Internet « est né de cela », insiste-t-il. « Internet a d’abord été un instrument de chercheurs pour mondialiser ce savoir et travailler en réseau. Les 20 dernières l’ont perverti. On est en train d’assister à une mondialisation des discours de haine, de la violence et de la bêtise. Cette mondialisation des discours de haine en 140 signes, ce n’était pas le but [d’origine]. C’est à nous, scientifiques et politiques, de changer cela. Face à l’internationale de l’obscurantisme, il y a une internationale du savoir et des bonnes volontés. La nôtre. »
Stéphane VERNAY. Ouest-France