Laure Pecorari, de Bologne à Strasbourg : le parcours d'une jeune physicienne théoricienne

Laura Pecorari termine actuellement son doctorat à l'Université de Strasbourg en physique quantique théorique, dans le cadre duquel elle travaille sur les nouvelles stratégies de correction des erreurs quantiques dans les réseaux d’atomes neutres, sous la direction du Professeur Guido Pupillo.

  • Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique jusqu’à présent et de ce qui vous a conduite à choisir ce domaine de recherche ?
    Ma passion pour la physique théorique s’est développée progressivement mais intensément au cours de mes cinq années de lycée à dominante littéraire. J’ai ensuite obtenu une licence de physique à l’Université de Bologne, en Italie, puis un master en physique théorique dans la même université. Malgré les difficultés liées à la pandémie de COVID-19, l’environnement académique était fantastique et très interdisciplinaire, allant de la physique fondamentale à la physique appliquée. Cette grande variété de sujets m’a beaucoup aidée à façonner la suite de mon parcours académique. En 2023, j’ai déménagé à Strasbourg et rejoint le laboratoire de physique quantique du Pr Guido Pupillo pour y préparer ma thèse de doctorat. J’y ai commencé des travaux sur le calcul quantique et la correction d’erreurs quantiques avec des systèmes d’atomes froids. En résumé, l’objectif est d’utiliser des atomes — tous identiques — comme qubits, de les manipuler avec une précision extrêmement élevée et de corriger les erreurs inévitables introduites par ces opérations. Dès le début, mes recherches se sont situées à l’interface entre l’information quantique et l’optique quantique, un mélange que j’adore parce qu’il vous confronte aux défis pratiques du calcul quantique et vous oblige, en tant que théoricienne, à faire preuve de créativité et à concevoir des stratégies efficaces avec des ressources matérielles modestes. C’est un domaine en évolution rapide, avec encore énormément de choses à explorer, ce qui le rend particulièrement passionnant. Par ailleurs, le réseau EuRyQa, dont fait partie mon doctorat, est extrêmement stimulant, tant sur le plan personnel que professionnel. Il m’a permis de beaucoup voyager — en Europe et au-delà — et d’entrer en contact avec de nombreux chercheurs travaillant sur des thématiques similaires.

     

  • Qu’est-ce que l’environnement de recherche  au CESQ vous apporte (professionnellement et personnellement) ?
    L’environnement de recherche au CESQ et à ISIS est exceptionnel et véritablement unique. Il est très international et compétitif, et réunit des théoriciens et des expérimentateurs de tout premier plan venus du monde entier, travaillant sur des aspects complémentaires d’un même domaine. Au CESQ, nous avons même un projet de calcul quantique à atomes neutres en cours de développement, l’un des rares de ce type en Europe. Les collègues ici sont toujours très serviables et disposés à partager leurs connaissances et leur expertise, ce dont je suis extrêmement reconnaissante, car j’ai énormément appris de chacun d’eux. Mon directeur de thèse me laisse une grande liberté pour choisir mes orientations de recherche et être responsable de mon travail. Je pense que c’est une combinaison rare pour une chercheuse en début de carrière, et cela a été inestimable pour mon développement personnel et professionnel.

     

  • Quels sont vos souhaits et projets pour la suite de votre carrière ?
    Je n’ai pas encore de plan à long terme clairement défini. À court terme, j’espère rester dans le milieu académique et effectuer un postdoctorat. Plus généralement, mon souhait est de continuer à travailler dans le même domaine de recherche et au sein de cette communauté, tout en explorant éventuellement d’autres paradigmes du traitement de l’information quantique auxquels je n’ai pas encore eu l’occasion de m’intéresser, comme les simulations quantiques, la communication et la détection quantiques avec des systèmes atomiques, en restant toujours étroitement liée aux expériences.
  • Qu’aimez-vous dans votre vie à Strasbourg / en Alsace ?
    J’aime beaucoup Strasbourg et les personnes que j’y ai rencontrées. Je trouve que c’est une ville calme, à taille humaine, avec de fortes traditions et une identité résolument européenne. Elle est aussi très agréable à parcourir à pied et très bien desservie par les transports en commun. J’apprécie particulièrement son ouverture internationale et sa vie culturelle dynamique, avec de fréquentes expositions d’art et des concerts. Le théâtre propose également une programmation très riche, avec de grandes productions, ce qui me plaît beaucoup.

     

  • Si vous deviez citer la chose dont vous êtes la plus fière (dans votre carrière ou votre vie personnelle), laquelle serait-ce ?
    C’est une question difficile, mais je dirais que je suis surtout fière de l’endroit où j’en suis aujourd’hui — tant sur le plan personnel que professionnel — tout en ayant encore une marge de progression. Je suis heureuse du travail que je fais et du réseau de collègues et d’amis que j’ai construit.
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